L’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux est fière d’introniser Argon au Panthéon québécois des animaux, dans la catégorie professionnelle.
En 2018, la Maison du Père à Montréal, qui accompagne des hommes en situation d’itinérance, accueillait un nouveau résident, Argon, le premier chien de réadaptation de la Fondation Mira entièrement dévoué à la population itinérante ou à risque de s’y retrouver.
Les gens en situation d’itinérance qui fréquentent la Maison du Père vivent des situations souvent très difficiles. En plus de réconforter les hommes, Argon favorise les échanges entre participants et intervenants.
Selon le psychologue Noël Champagne de la Fondation Mira, « ce n’est pas toujours évident de parler avec un humain, car il y a souvent la peur du jugement, tandis que si le chien est fin avec toi et qu’il se laisse flatter, tu peux lui confier des affaires et il ne commencera pas à s’obstiner avec toi ».
Évidemment, Argon ne travaille pas seul. Il est accompagné d’André Leroux, intervenant canin et coordonnateur du programme de réinsertion et de soutien résidentiel.
Ensemble, deux fois par semaine, à la résidence J. A. De Sève de la Maison du Père, ils « animent » les rencontres Parlons avec Argon.
Comme l’explique M. Leroux : « Ça permet à la personne de verbaliser. Ça tourne souvent autour des animaux. Pour commencer… ils disent : « Ah, quand j’étais jeune, j’en ai eu un, chien, y’était gros, pis je l’aimais… » Puis, les usagers qui parlent pas beaucoup, quand Argon est là, ils s’expriment « à travers » le chien… Ils sont tout contents… tu vois l’expression dans leurs visages », dit-il. La présence du chien et sa « douceur » ouvrent la discussion à des confidences parfois plus profondes, qui n’auraient jamais eu lieu en son absence.
Ajoutons qu’Argon est aussi un partenaire de l’Équipe métro d’intervention et de concertation (EMIC). Cette équipe est composée, à la base, d’un intervenant social de la Société de développement social, d’un policier de la section du métro du SPVM et d’un constable spécial de la STM. Elle patrouille dans le métro afin d’offrir un accompagnement aux personnes en situation d’itinérance et de les guider vers les ressources appropriées à leurs besoins, comme la Maison du Père. Avec Argon, « le contact se fait plus facilement », affirme M. Leroux.
Selon lui, sans le chien, certaines personnes répondraient qu’elles n’ont pas besoin d’aide. Avec Argon, les individus approchés s’adressent en général d’abord à lui, et se laissent aborder par la suite par les intervenants, qui peuvent alors leur prêter main-forte plus aisément.
Toujours selon M. Leroux, Argon sait repérer les gens qui sont vulnérables ou tristes : « Une de ses spécialités, c’est de désamorcer des crises. Juste passer à côté d’un gars fâché et celui-ci va remarquer le chien. Inconsciemment, l’homme ne voudra pas lui faire peur. Ainsi, souvent, Argon va diminuer la crise, et l’attention du gars va être portée sur lui. L’attitude change complètement. »
Argon fait une réelle différence, sa présence, son tempérament calme, sa chaleur corporelle, la douceur de son poil et son regard son réconfortants.